ALGER : REGARDER LES BIDONVILLES AUTREMENT

par Rachid SIDI BOUMEDINE
Sociologue

Photo de M.K : Bidonville à Oran (kouchet El Djir)

Comment, chercheurs en sciences sociales, sommes- nous amenés à choisir tel ou tel objet de travail, alors que le thème « ville » offre, et de manière toujours renouvelée, des milliers d’objets de curiosité et de recherche ?
Si ma carrière professionnelle, à la fois en tant qu’enseignant-chercheur et comme praticien, m’a mis en situation de pouvoir (ou plutôt conduit à) traiter de telle ou telle question, celle des bidonvilles, je ne pouvais y échapper.

J’ai vécu les vingt premières années de ma vie à côté des bidonvilles du Clos Salembier, parmi les plus importants
d’Alger. Moi-même, j’ai vécu un certain temps dans une cité de « recasement » mitoyenne et les « bidonvillois » de
la littérature spécialisée étaient mes copains de classe et de football des rues. J’avais un besoin fort, comme militant ou comme sociologue, de parler pour eux, de leur rendre justice, parce que, moi, j’ai eu la chance d’en « sortir ».
Ensuite, et pour rester dans la posture du sociologue, j’ai été frappé tardivement, à la lecture du livre consacré aux
bidonvilles à Alger en 1954, publié par R. DESCLOÎTRES, par un décalage que je n’avais pas vraiment remarqué alors que je l’avais parcouru au début de mes études en « socio » et cité parfois en référence, comme beaucoup de collègues.

Plus tard, avec l’expérience, ma lecture a donné d’autres résultats : j’y ai trouvé un décalage net. D’un côté, ses cartes
et ses statistiques, qui montraient, et je résume, la différence marquée de situation entre celle des « Européens » et les « Français – Musulmans » en matière de…